Dépendance émotionnelle: qu’est-ce que c’est, d’où viennent les causes, les relations toxiques, les caractéristiques et les symptômes, le traitement et comment se remettre de la dépendance amoureuse

25 Mai 2020

dependance emotionnelles

La dépendance émotionnelle est une condition complexe et plurielle. Elle est souvent multifactorielle et inconsciente. La personne qui en est atteinte ne se rend pas compte de son mal ou fait une mauvaise diagnostique de son cas.

Elle est alimentée par une peur, une psychose insoutenable.  Vous vous construisez beaucoup de « vérités » sans fondement. Vous croyez que votre sécurité et votre épanouissement dépend d’un lien que vous avez constamment peur de briser. Ainsi, la dépendance émotionnelle est très proche de l’addiction. Les aboutissements peuvent êtres similaires ou se recouper. Il s’agit de l’anxiété, de la dépression, de la névrose, du syndrome de l’abstention, etc.

Les types de dépendance émotionnelles

Une propension au suicide peut s’installer du fait que des questions sur l’intérêt même de la vie peuvent être posées avec la rupture de ce lien. Quels sont les types de dépendances émotionnelles, les symptômes, les causes, les solutions et les outils, la suite de cet article vous apporte des éléments de réponses.

« Dépendance émotionnelle de la famille »

D’après la théorie de la reproduction sociale, chaque individu a tendance à reproduire les conditions, modes et principes acquis de son milieu social. La plus petite unité de ce milieu social est la famille. Ainsi, chaque enfant a tendance à reproduire le mode de vie de ses parents, de sa famille. C’est la raison pour laquelle lorsqu’on se trouve devant un psychopathe, on remonte à son enfance et à ses parents. La dépendance émotionnelle de la famille s’installe lorsqu’on dispose de parents émotionnellement instables, qui voyaient le monde extérieur comme une menace et le cadre familiale comme un refuge. C’est un sentiment causé par un fort état d’anxiété. Il y a une certaine surestimation de la protection familiale ainsi que l’absence de toute exigence ou volonté d’autonomie. On se comporte comme le membre d’un troupeau qui risque d’être dévoré par un loup au moindre égarement.

« Dépendance émotionnelle du couple »

C’est la dépendance émotionnelle la plus fréquente et sans doute la plus grave. Elle est basée sur la croyance d’avoir trouvé un sens à la vie en la personne de son conjoint. On n’arrive plus à concevoir la vie sans son partenaire et on est dans la peur permanente de le perdre et de se retrouver seul et sans refuge. C’est un sentiment propre à ceux qui manquent de confiance en eux, ou qui ont une propension à l’obsession. Ils se disent qu’ils ont besoin d’un support pour vivre et trouve ce support en la personne de leur partenaire. Celui-ci devient leur bouc émissaire contre le monde extérieur. Il devient leur protecteur sans même le savoir. La peur de le perdre développe une jalousie maladive, une possessivité extrême, et peut déboucher sur la violence.

« Dépendance après une rupture »

C’est après une rupture qu’on se rend compte réellement qu’il y avait un problème. Parfois, c’est la dépendance émotionnelle elle-même qui cause la rupture ce qui ne fera que l’attiser. D’autres fois, c’est la rupture qui la provoque. Le sujet n’imagine pas sa vie sans la personne qu’il aime et la peur de la solitude le fait perdre ses moyens. il fait une fixation sur son ex et vit dans la peur constante que celui-ci trouve une autre personne avec qui faire sa vie. Sa propre vie est suspendue car c’est celle de son ex qui l’occupe tout le temps.

« Dépendance du célibataire »

Elle est basée sur le fantasme et l’idéalisme. Certaines personnes se focalisent sur une personne bien déterminée, d’autres sur la vie de couple. On idéalise la vie de couple, on est dans l’attente d’une vie de couple parfaite. Vous pouvez également faire une fixation sur une personne qui ne connait même pas vos sentiments à son endroit. Le catalyseur est le manque de confiance en soi, la peur du rejet, la peur de rester dans le célibat. De ce fait, vous faites un faux départ à chaque fois et vous vous retrouvez dans un cercle vicieux. Chaque relation que vous entamerez se soldera par un échec et une déception car vous cherchez la perfection. Votre dépendance est sur un idéal.

« Dépendance du milieu social »

Elle est mue par le besoin de reconnaissance permanente. Le sujet à une peur constante d’être rejeté par son milieu social, par son environnement. Il a toujours peur de ne pas s’intégrer comme il faut, comme il le voudrait. Ainsi, il pourrait devenir servile c’est-à-dire qu’il acceptera de tout faire pour plaire aux autres et leur montrer qu’il n’est pas différent d’eux, qu’il peut faire partie de la meute. Il peut également devenir transparent ou invisible c’est-à-dire qu’il n’a plus de valeurs ni de convictions mais épouse celles de son milieu social, sans réserve.

Les symptômes

Les signes qui suivent sont les symptômes de la dépendance émotionnelle. Si vous en avez  une ou deux, cela pourrait ne pas être grave mais si vous en cumulez trois ou plus, il est temps d’être inquiet.

« Le besoin d’avoir de ses nouvelles »

Le premier signe est que vous avez un besoin chronique et toujours pressant d’avoir de ses nouvelles. Peu importe que cela soit physique ou virtuel. Vous l’espionnez constamment sur les réseaux sociaux, vous avez besoin qu’il vous appelle au téléphone pour que vous soyez rassuré ou  que vous vous sentiez mieux. Si vous n’avez pas de ses nouvelles pour un lapse de temps, vous devenez nerveux, vous perdez le contrôle, vous n’arrivez plus à vous concentrer sur autre chose.

« L’impossibilité à effectuer un projet seul »

Vous n’initiez aucune entreprise sans lui et vous ne prenez aucune décision en dehors de son intervention même si cela vous concerne exclusivement. Vous pourriez vous dire que vous voulez juste que la communication passe. Toutefois, la dépendance émotionnelle est caractérisée par l’excès et les cas extrêmes. Si pour un projet qui vous concerne en première ligne vous n’y trouvez plus d’intérêt juste parce qu’il n’y trouve pas d’intérêt il y a de quoi s’inquiéter.  Vous ne pensez plus à vous et vos plaisirs ne comptent plus. Vous ne pensez plus qu’à travers lui.

« La peur de l’abandon »

L’un des signes décisifs de la dépendance émotionnelle est la peur de l’abandon. Vous avez constamment peur que votre partenaire parte. Vous êtes toujours dans une situation de concurrence injustifiée, d’insécurité injustifiée. Vous avez peur d’une nouvelle rupture, de replonger dans la solitude et vous cherchez à éviter un problème qui n’existe pas encore. Non seulement vous risquez d’aboutir à la situation que vous redoutez tant mais vous risquez d’occasionner des problèmes beaucoup plus graves tels que la violence.

« Vous êtes impacté par votre pensée »

Vous faites une projection négative sur une relation précédente qui n’a pas fonctionné, sur un traumatisme que vous avez subi. Vous vous dites qu’il y a de fortes chances que l’histoire se répète et cela installe un sentiment de suspicion et de peur constante. Vous revivez toujours les manques que vous avez subis dans le passé et vous n’arrivez pas à apprécier la situation présente. Vous vous dites que cela ne va pas durer, vous adoptez des réactions de défense et de barricade.

« La peur constante du conflit »

Vous avez toujours peur de déclencher un conflit et vous faites tout pour l’éviter. Peu importe  que votre partenaire ait tort ou non, ce qui vous préoccupe c’est le maintien de la relation. Vous trouverez toujours des excuses à son mauvais comportement, vous tolérerez ses écarts de violence, vous fermerez vos yeux sur son infidélité. Vous accepterez tout ce qu’on vous impose si cela vous permet de garder votre relation.

Les causes de la dépendance émotionnelle

Pour apporter une solution à un problème, il faut en connaitre les causes. Apres avoir identifié les traits caractéristiques ou symptômes, il est important d’identifier les causes du mal.

« Une enfance difficile »

D’un point de vue psychanalytique, une fois adulte, chaque personne a tendance à reprendre inconsciemment l’environnement de son enfance. Si vous avez manqué de tendresse, d’amour et d’affection dans votre enfance, vous pourrez avoir tendance à ressentir le besoin d’amour constant. Vous aurez toujours peur d’être abandonné une fois de plus. Un tel cas peut être vérifié chez certains orphelins ou les  personnes ayant subi des violences dans leur enfance. Vous pouvez avoir le sentiment de ne pas être digne d’amour et cela crée un sentiment d’auto rejet, d’auto confinement et parfois de dépendance émotionnelle. Ainsi, vous serez toujours à la recherche de la sympathie des autres, vous serez toujours soumis dans une relation qu’elle soit amoureuse ou amicale.

« Une déception sentimentale »

Suite à une déception sentimentale due à une trahison, une infidélité, une violence, un abus de confiance, le doute s’installe. Vous avez du mal à refaire confiance. Vous êtes victime d’un transfert négatif. Vous cherchez toujours des points communs entre votre ancienne relation et la nouvelle. Vous vous dites que les issues seront probablement les mêmes et vous n’arrivez pas à aller de l’avant. A force de toujours vouloir des preuves de bonne foi de la part de votre partenaire, il devient épuisé. Vous demandez toujours plus de preuve de son amour et rien ne vous satisfait à ce niveau. Il s’agit précisément d’une paranoïa amoureuse.

« Manque de confiance en soi »

C’est la clé de voûte de toute dépendance émotionnelle. Le manque de confiance en soi peut intervenir en amont ou en aval. C’est-à-dire qu’il peut être la cause de la dépendance émotionnelle ou en être la conséquence. Elle en est la cause en ce qu’elle se manifeste par un doute permanent sur ses qualités, une focalisation sur ses défauts et ses limites, le sentiment de ne pas être à la hauteur. Nous ne nous rendons pas compte que si l’autre nous a choisis c’est parce qu’il a un certain estime à notre endroit. Par contre, on se dit que notre partenaire, notre ami, nous quittera sur le champ s’il découvre notre vraie personnalité, et nous restons bloqué sur cette peur. A force de vous dévaloriser, votre partenaire ne pourra plus le supporter et risque de vous quitter. Personne n’aime être en compagnie avec une personne pessimiste car les sentiments sont contagieux. Concentrez-vous plutôt sur ce que vous pouvez lui apporter et dites-vous que s’il est avec vous c’est parce que vous êtes une personne spéciale.

« Un couple conflictuel »

Tous les couples connaissent des moments de conflits mais si vous êtes dans cette situation tout le temps, la dépendance émotionnelle peut s’installer. Lorsque vous sentez que vos tentatives de bien faire les choses se retournent toujours contre vous. Lorsque vous sentez que les efforts que vous faites pour régler les choses l’éloignent encore plus, la peur de le perdre s’installe.

Solutions de la dépendance émotionnelle

Après avoir identifié en quoi consiste la dépendance affective et après avoir identifié l’origine du mal, il devient opportun de proposer des solutions.

« Travailler sa force de caractère »

Lutter contre la dépendance affective n’est pas facile car l’ennemi est en vous-même. Il serait plus facile et beaucoup plus simple si l’ennemi était une autre personne. Ce qui fait la différence c’est votre force de caractère. D’abord, il vous faudra accepter que la situation que vous vivez est anormale et que vous êtes le seul responsable. Ensuite, il faudra trouver la motivation nécessaire pour sortir de cette situation.  Etes-vous prêt à vous battre ?

« Voir plus loin que l’instant présent »

Pour lutter contre la dépendance affective il faudra vous projeter sur l’avenir. Vous ne pouvez pas vous réveiller chaque jour en vous disant que la rupture que vous redoutez tant arrivera probablement aujourd’hui. Regardez votre relation sur la durée et n’ayez pas peur de faire des projections sur le futur. Ne vivez pas au jour le jour et soyez optimiste. Si votre conjoint sait qu’il a un avenir avec vous et que vous envisagez de bonnes choses avec lui dans le long terme, il sera plus enthousiaste à l’idée de poursuivre sa vie avec vous.

« Faire un sevrage affectif »

Pour faire un sevrage affectif vous avez besoin d’une activité de substitution. Mettez-vous à l’art plastique, à la musique, à la méditation ou au sport. Il n’est plus un secret que le sport renforce la confiance en soi et permet de se surpasser. Cela vous permet d’être conscient que vous pouvez avancer sans l’aide de personne en vous basant sur vos propres capacités.

« La solution ne viendra pas du problème »

Vous devrez rompre la fixation que vous avez faite sur votre partenaire. Il ne s’agit pas de rompre la relation mais de l’assainir. C’est lui le problème donc la solution ne pourra pas venir de lui. Evitez de dire que tout est de sa faute, qu’il ne prend pas soin de vous, qu’il vous néglige ou qu’il vous provoque. Cherchez plutôt le problème dans votre comportement et dans la perception que vous avez de votre relation.

Les outils à utiliser dans la lutte

Certains outils assez simples vous permettent de lutter contre la dépendance affective.

« Votre emploi du temps »

Ce n’est pas pour rien quand on dit que l’oisiveté est la mère des vices. Il faudra vous occuper l’esprit afin d’éviter la focalisation sur votre partenaire. Il vous faudra des objectifs à court, moyen et long terme. Cela vous évitera l’obsession, les espionnages indus et les pensées négatives. Votre cerveau doit toujours avoir un but à atteindre autre que la surveillance de votre conjoint ou la peur de perdre votre ami. Comme on dit en physique, rien ne se perd, rien ne se crée tout se transforme. Transformez vos pensées négatives en objectifs plus productifs.

« La patience »

Lutter contre la dépendance émotionnelle requiert énormément de patience et c’est pourquoi vous devez être motivé. La patience sera votre plus grand atout.  Lutter contre la dépendance émotionnelle ne se fait pas en quelques jours. Armez-vous de patience, ayez des objectifs bien précis, évaluez-vous au fur et à mesure. Ayez à l’esprit pourquoi vous avez voulu changer, ce que vous y gagnerez et ce que vous risquez de perdre au cas où vous abandonnerez. Le développement personnel demande du temps et le défi sera de ne plus commettre les mêmes erreurs. Il ne s’agit pas d’un lavage de cerveau ni d’un formatage mais d’une prise de conscience suivi d’une transformation psychologique et d’un changement de comportement.

« Ouvrir son cercle d’amis »

Les ténèbres appellent les ténèbres. Quand on se crée un cercle vicieux, il faut en sortir pour commencer une thérapie efficace. Pour changer sa vision du monde il faut voir ailleurs.  N’avoir un qu’un seul ami peut vous poussez à vous focaliser sur lui et avoir peur de la solitude qu’engendrerez son abandon. Ne pas avoir d’amis du tout peut vous pousser à vous focaliser sur votre partenaire. Vous voudrez qu’il joue en même temps le rôle de l’ami, du confident, du frère ou de la sœur, de la compagne, parfois même du parent. Pour vous débarrasser de cette focalisation, la première chose à faire et d’élargir votre cercle de fréquentation. Renouez contact avec un ancien ami, une ancienne connaissance. Renouez contact avec la famille. Ouvrez-vous plus aux collègues.